Herschel, envoyé en 2009 à plus d’un million de kilomètres de la Terre, a observé durant plus de trois ans la naissance des étoiles, la dynamique de la matière de l’Univers, et a dressé un comparatif des galaxies proches et lointaines. La mission a pris fin le 29 avril 2013.
Les données collectées jusque-là seront analysées sur plusieurs années encore, mais durant le colloque qui s’est tenu à l’ESTEC, le centre de recherche spatiale et technologique de l’ESA (Noordwijk, Pays-Bas), de nouveaux résultats ont d’ores et déjà pu être présentés.
Certains impliquaient directement des chercheurs de l’Observatoire de Paris. En voici un aperçu :
- Herschel révèle des différences majeures entre Uranus et Neptune
Ayant pratiquement la même masse et le même rayon, Uranus et Neptune sont souvent considérés comme des planètes jumelles. Pourtant, on pense qu’elles présentent de nombreuses différences en termes de dynamique atmosphérique et de structure interne. Herschel a montré que les deux objets présentent également des différences majeures de composition chimique ; notamment le méthane et le monoxyde de carbone apparaissent bien plus abondants sur Neptune que sur Uranus. La forte abondance de CO dans la basse atmosphère de Neptune, qui semble impliquer une quantité extraordinaire d’oxygène dans la planète, reste une véritable énigme.
Présentation de ces nouveaux résultats par Emmanuel Lellouch (Observatoire de Paris/LESIA), le 15.10.2013.
- Premier sondage en profondeur de la Voie Lactée avec Herschel
Les observations du spectromètre HIFI a bord du satellite Herschel ont révélé avec une précision inégalée la distribution du gaz interstellaire diffus à travers la Voie Lactée. Les différents nuages présents sur la ligne de visée ont pu être distingués grâce à leurs décalages en vitesse via l’effet Doppler ("tachygraphie"), et leur propriétés (taille, température, densité, fraction de gaz sous forme moléculaire) mesurées avec grande précision. Le gaz le plus froid occupe une très faible fraction du volume (de l’ordre de 5%), mais contient l’essentiel de la masse. C’est sa condensation progressive qui régule la formation d’étoiles dans notre Galaxie.
Présentation de ces nouveaux résultats par Maryvonne Gérin (Observatoire de Paris / CNRS / LERMA), le 15.10.2013.
- Une vision nouvelle de la chimie interstellaire
Les conditions du milieu interstellaire diffus sont en apparence hostiles à la survie des molécules : la température moyenne très basse (- 200°C) empêche l’ « allumage » de nombreuses réactions chimiques ; les photons ultraviolets émis par les étoiles voisines détruisent les rares molécules qui parviendraient à s’y former... Les relevés de l’instrument HIFI ont permis de résoudre l’énigme vieille de 70 ans de l’origine de la richesse chimique de ce milieu : les mouvements turbulents induisent des bouffées intermittentes de chauffage, qui favorisent l’allumage des réactions et renouvellent en permanence le réservoir en molécules, malgré l’effet destructeur des photons UV. Cette découverte révèle une facette du milieu interstellaire diffus, hétérogène et hors-équilibre, méconnue jusque-là.
Sur cette nouvelle, lire aussi : http://sciencesetavenir.nouvelobs.com/espace/20131031.OBS3513/tornades-interstellaires-des-usines-a-molecules.html
Présentation de ces nouveaux résultats par Benjamin Godard (LUTH) et Edith Falgarone (Observatoire de Paris / CNRS / LERMA), le 16.10.2013
Dernière modification le 21 décembre 2021